Nouvelle étude : Devenir végétarien permettrait de réduire de deux tiers les émissions mondiales de gaz à effet de serre dues à l'alimentation et de sauver des millions de vies


24 mars 2016 | par Marco Springmann



Mangez plus de fruits et de légumes tout en réduisant la viande rouge et transformée et vous serrez en meilleure santé. C'est évident.

Mais en attendant comme les poules et les vaches mangent et consomment de l’énergie elles aussi, la viande fait partie des éléments majeurs à prendre en compte dans le changement climatique. C’est pourquoi devenir végétarien voir végétalien peut considérablement réduire votre empreinte carbone.

Tout se passe au niveau individuel. Mais qu'en est-il lorsque vous multipliez ces changements par 7 milliards de personnes, en prenant en compte le facteur de croissance de la population?



Dans nos dernières recherches, mes collègues et moi estimions que ces changements évoluant vers un régime alimentaire à base de plantes, en accord avec les directives de l'Organisation Mondiale de la Santé, permettraient d'éviter 5 à 8 millions de décès par an d’ici à 2050. Cela représente une réduction de 6 à 10% de la mortalité mondiale.

Les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation seraient également réduites de plus de deux tiers.

Au total, ces changements alimentaires représenteraient entre 1 et jusqu’à 31 billion de dollars US. Cela représente presque un dixième du PIB mondial évalué pour 2050.

Nos résultats sont publiés dans la revue PNAS (Académie nationale des sciences des États-Unis [lien article complet ici]

Les prévisions futures de nos régimes alimentaires dressent un tableau bien sombre.

La consommation de fruits et légumes est sensée augmenter, mais il en est de même pour la consommation de viande rouge et pour le nombre de calories consommées en général.

Et parmi les 105 régions du monde incluses dans notre étude, moins d'un tiers seront en mesure de répondre à ces critères diététiques.


Une population de plus en plus nombreuse implique une production alimentaire accrue, cela signifie que les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation vont augmenter d'ici à 2050 et correspondront à la moitié du quota d'émission de CO2 mondial, qui a pour but de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C.

Pour voir comment nos changements alimentaires pourraient éviter un tel scénario catastrophe, nous avons imaginé quatre différents types de régimes et analysé leurs impacts sur la santé et sur l'environnement:
  • Un scénario de référence basé sur des prévisions alimentaire de 2050,
     
  • Un scénario basé sur les directives diététiques mondial qui comprend des quantités minimales de fruits et légumes, et des limites à la consommation de viande rouge, de sucre et de calories totales, 
  • Ainsi que deux scénarios végétariens, un comprenant les œufs et les produits laitiers (lacto-ovo-végétarien), et l'autre uniquement à base de plantes (végétalien).
 
 
Des millions de décès évitables

Nous avons constaté que l'adoption des directives alimentaires mondiales permettrait d'éviter 5.1 millions de décès par an d’ici 2050. Les régimes végétariens et végétaliens permettraient d'éviter respectivement 7.3 millions et 8.1 millions de décès.

Sur ses résultats, environ la moitié des décès serait évités grâce à la réduction de la consommation de viande rouge, l'autre moitié par le fait de manger plus de fruits et légumes, le tout accompagné d’une réduction de la consommation totale de calorie (et la diminution de l'obésité qui y est associé).

Nous avons noté d’importante différence au niveau régional. Les deux tiers des avantages pour la santé apportés par ses changements de régime alimentaire, auront lieu dans les pays en développement, en particulier en Asie de l'Est et en Asie du Sud.

Suivi de près par les pays à haut revenu. Pour les personnes résidant dans ces pays développés, les bénéfices pour la santé devraient être deux fois plus importants que ceux des pays en développement (étant donné que leurs régimes alimentaire est plus déséquilibré et laissent plus de place à des améliorations).

La Chine obtiendrait les plus grands avantages médicaux, avec environ 1.4 millions à 1.7 millions de décès évités par an.

Diminuer la viande rouge et réduire la surconsommation générale seraient les facteurs les plus importants en Chine et dans d'autres pays grandement bénéficiaire, tels que l'Europe et les États-Unis.

En Inde également, jusqu'à 1 million de décès par an pourraient être évités en grande partie grâce à une plus grande consommation de fruits et légumes.


 

La Russie et d'autres pays d'Europe orientale verraient l’apparition d'énormes bénéfices, grâce à une diminution de la consommation de viande rouge.

Les habitants des petites nations insulaires comme l'île Maurice ou Trinité-et-Tobago bénéficieraient aussi de ces avantages en raison de la diminution de l'obésité.


Le végétalisme contre le changement climatique?

Nous avons estimé que l'adoption des directives alimentaires mondiales réduirait les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation de 29%.

Mais cela ne serait toujours pas suffisant pour atteindre les réductions globales nécessaires pour maintenir l'augmentation mondiale de la température en dessous de 2 ° C.

Pour lutter efficacement contre le changement climatique, bien plus de régime à base de plantes seront nécessaires.

Notre analyse montre que si le monde entier se dirige vers une alimentation végétarienne, la réduction des émissions liées à l'alimentation passerait à 63%. Et si tout le monde passe à un régime végétalien? Un impressionnant 70%.


Qu'est-ce que ça vaut?

Les changements alimentaires auraient d'énormes avantages économiques, permettant des économies de l'ordre de 700 à 1000 milliards de dollars par ans en frais de santé, en soins non déclarés et en journées de travail perdues.

La valeur que la société investie dans la prévention de la mortalité pourrait même être aussi élevée que 9 à 13% du PIB mondial, soit 20 à 30 trillions de dollars.

Quant à éviter les dommages dus aux changements climatiques à cause des émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation, le montant pourrait représenter une économie d'environ 570 milliards de dollars.

Mettre un prix en dollars sur la bonne santé de tous y compris celle de l'environnement est une question sensible.

Cependant, nos résultats indiquent que des changements alimentaires peuvent avoir de grands impacts positifs pour la société, et la valeur de ces avantages justifie une alimentation plus saine et plus respectueuse de l'environnement.

L'ampleur de la tâche est  toute évidence immense.

La production et la consommation de fruits et de légumes nécessiteraient d’être plus que doubler en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud, uniquement pour répondre aux recommandations alimentaires mondiales.

Alors que la consommation de viande rouge devrait être réduite de moitié à l’échelle mondiale, et réduite de deux tiers dans les pays les plus riches.

Nous aimerions également aborder un problème clé, celui de la surconsommation. Il y aurait beaucoup à dire…

Marco Springmann, Chercheur, Université d'Oxford


Cet article a été initialement publié sur TheConversation, lire l'articleoriginal.

Traduction de l'article publié sur iflscience, transcription réalisée en équipe, avec la participation et le talent exceptionnel de: 
ilyulyl








 






Love, Namasté, 
Fabien

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