Guillaume Corpard: veganisme, stop à la pureté morale...

Je pense que se serait une grave erreur d'aller donner la leçon aux gens. D'une part parce que les vegans n'ont absolument pas l’exclusivité de la bienveillance, ils n'ont pas l'exclusivité de l'amour, ils n'ont pas l'exclusivité de la paix. Il y a des gens qui mange de la viande et qui sont plein d'amour pour les autres. Mais si on est tous en mouvement, en transition vers quelque chose, on peut juste en discuter entre nous, délivrer une information... [vidéo ici]

Par exemple dans les conférences, ce qui m’intéresse, c'est de donner des faits: voilà comment ça se passe pour les animaux et voilà l'impact très négatif que cela a sur notre santé humaine de manger des produits animaux. Voilà la façon dont on est conditionné depuis tout petit par les lobbies industriels, qui ont une influence énorme sur les ministères de la santé, même dans les conseils alimentaires.

Quand on fait confiance à l'autre, quand on estime que l'autre est largement aussi intelligent, et largement aussi capable d'exprimer ce qu'il y a dans son cœur que soi, ça se passe au contraire très bien. C'est très efficace. Le but du jeu ce n'est pas d'avoir raison. Le but du jeu c'est ensemble, vers quoi on veut aller?

A la fin des conférences on fait des débats publics, et je m’aperçois que plein de gens sont très touchés par cette question. C'est juste qu'il n'ont pas accès à l’information. Il y a plein de gens s'ils savaient comment ça se passe pour les animaux, s'ils savaient qu'on peut manger autrement, s'ils savaient qu'on ait en meilleur santé si on ne mange pas les animaux et s'ils savaient à quel point ça dégrade la planète: ils changeraient totalement.

Par exemple, à la fin d'une conférence, à Bruxelles, à la fac, à l'université, il y a un prof de philo qui s'est levé pendant le débat et qui a fait un mea culpa général. Sa femme était vegan, mais lui, avec ses copains philosophes, il s'est toujours un peu fichu de cette cause là. 

Il a dit : " A partir d'aujourd'hui, je suis vegan parce que vous m'avez, tous ensemble, le débat, convaincu. Et je m’aperçois que depuis tout le temps, on vous demande à vous les vegans de vous justifier alors que finalement, c'est à nous, ceux qui massacrons ou faisons massacrer, avec indifférence,  des milliards d'êtres vivants sensibles, c'est à nous de nous justifier. Il est temps qu'on inverse les rapports. "

En fait c'est parce qu'on a tous autant de cœur, on a tous autant d'amour. Il n'y a pas celui qui est plein de vertus et pas l'autre. C'est juste qu'on a pas accès à ces informations depuis tout le temps. Il faut se déconditionner et en parler ensemble. 

Donc pour répondre à cette question, je n'ai pas du tout la sensation d'aller faire la police dans une cour d'école. Je ne m'en sens pas du tout l'autorité, je ne m'en sens pas la légitimité. Qui je suis moi? J'ai mes incohérences, je ne cherche pas la pureté. On mange des céréales qui sont arrachées du sol à la moissonneuse batteuse. On tue énormément d'animaux quand on mange des céréales, même des vegans.

Donc cette course à la pureté morale, c'est un vrai problème dans le courant vegan, la pureté morale, à aller dire aux autres la leçon, à aller dire faut pas faire ci, faut pas faire ça, tu es antispéciste. Toi tu bois du lait t'es un salaud, t'es un exploiteur. Les trois quarts des gens qui disent ça ne vivent pas véritablement l'antispécisme. 

Imaginons une tendance, humblement, avec nos propres incohérences et travaillons ensemble, la main dans la main, pour changer notre société. Parce qu'on parle de quoi? On parle de paix!

Love, Namasté,

Fabien